On lâche rien, on lâche rien...!

PAR Judith Krivine
Présidente du SAF, SAF Paris

Alors que dans le monde, la guerre tue et tue toujours plus de civils, notamment en Ukraine et – de manière exponentielle depuis les horreurs commises en Israël le 7 octobre – à Gaza, que des dizaines de milliers de personnes survivent au lieu de vivre et que des générations en subiront les traumatismes, alors que le dérèglement climatique ne cesse de s’accentuer et de s’accélérer, générant de plus en plus de catastrophes et de souffrances, alors que les états autoritaires prolifèrent en nous montrant ce qu’il ne faut surtout pas faire…, le Gouvernement français, aidé par nombre de médias, attise la haine et la division, méprise et écrase les plus précaires, menant une politique digne de celle que nous promettait l’extrême droite et nous conduisant tout droit vers l’intronisation de cette-dernière.

À qui profite le crime ? Toujours aux mêmes bien-sûr : les plus riches, les plus puissants, les marchands d’armes, les grands groupes, les pollueurs, les faiseurs d’argent, les partisans du « quoi qu’il en coûte… aux autres ».

Mais heureusement partout, dans le monde et en France, des groupes de personnes réfléchissent, discutent, cherchent des solutions, proposent, agissent, résistent à la répression, se coordonnent, se donnent la main, se souviennent que rien n’est irréversible et savent que lorsque la liberté, l’égalité et la fraternité reprennent le dessus, ça va mieux.

Oui, le seul moyen de sortir
du marasme, c’est le collectif.

Pour nous, avocat.e.s, cela veut dire ensemble, grâce au SAF, continuer nos combats au sein des instances où nous avons des élus fiers et courageux, et ailleurs, pour que chacun.e puisse se former et exercer dignement cette belle profession et ce, non pas comme certains voudraient le faire croire, dans le seul but de « faire du chiffre », mais afin de pouvoir encore et toujours défendre l’accès au droit, défendre les libertés et les droits fondamentaux, défendre nos valeurs et tout ce qui fait la démocratie.

Cela veut dire continuer, comme dans cette Lettre du SAF, de décrypter les lois et chercher comment empêcher leur application lorsqu’elles sont inconstitutionnelles ou inconventionnelles, inciter les juges à les interpréter de telle sorte qu’elles protègent tous les justiciables et non les seuls puissants, lutter contre les projets et propositions de lois qui auraient pour objectif de réduire encore les droits des plus fragiles, proposer des idées pour en conquérir de nouveaux.

Cela veut dire, par exemple, tout faire pour empêcher que ne soit adoptée une mesure qui nuirait gravement à l’accès aux preuves (le « legal privilege »), plaider pour limiter les effets néfastes des récentes réformes du chômage ou de l’immigration, se battre contre le projet de « simplification de la vie des entreprises » –comprendre « nouvelle casse du code du travail » – prévu prochainement, ou encore soutenir nos confrères et consœurs de Turquie, d’Iran ou d’ailleurs, dont l’indépendance et la liberté sont bafouées.

Cela veut dire continuer d’échanger sans cesse entre nous, même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, et continuer d’échanger avec les associations, organisations syndicales, mouvements et collectifs amis qui poursuivent les mêmes buts.

Cela veut dire garder la joie et donc participer à des événements où la fraternité se voit et se sent, comme la Fête de l’Humanité où nous serons de nouveau présents avec le Syndicat de la Magistrature du 15 au 17 septembre prochain, mais aussi organiser à notre échelle des journées de réflexion et d’échanges, par exemple les Printemps du SAF qui se déroulent chaque année à Marseille et cette fois du 17 au 19 mai, ou encore les Automnes du SAF qui se tiendront à Strasbourg les 11 et 12 octobre prochain.

Cela veut dire continuer de chanter tous ensemble.

Tant qu’y a de la lutte y a de l’espoir
Tant qu’y a de la vie y a du combat
Tant qu’on se bat c’est qu’on est debout
Tant qu’on est debout on lâchera pas

(On lâche rien ! HK et Les Saltimbanks)

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