Brèves de lecture

PAR Stéphane Maugendre - SAF Bobigny

On aurait aimé savoir.

Chronique du procès des attentats du 13 novembre

Bahareh Akrami

Au procès « V13 », elle était venue faire un témoignage poignant sur la fuite de ses parents face au régime islamiste de Khomeini et comment elle avait été épargnée, elle et l’enfant qu’elle portait, par les balles de Kalashnikov à la terrasse du « Carillon », le 13 novembre 2015.
« Double rescapée » concluait-elle !
Elle ne pensait pas revenir, par la suite, dans cette immense salle d’audience et durant ces 10 mois de procès.
Puis, un déclic, un sursaut de devoir moral, un instinct de vie et de création fera qu’elle deviendra la BD-chroniqueuse quotidienne que non seulement tou.te.s les participant.e.s à ce procès mais au-delà, attendront quotidiennement.
Son pseudo Baboo, son support sa tablette informatique, ses diffuseurs Instagram (@baboo_chamailleuse) et X (@Baboobabounette)
Devenue la « Dominique Simonnot » du dessin judiciaire, elle va, durant tout ce procès « hors-norme », avec ses mots de non-professionnelle, écrire, dessiner, critiquer, se moquer, s’attendrir, se révolter, s’amuser, pointer les travers et le constructif, bref voir ce procès comme aucun auteur.e ou journaliste n’a pu le faire.
Les planches de Bahareh Akrami sont regroupées dans On aurait aimé savoir. Chronique du procès des attentats du 13 novembre, Steinkis, novembre 2023, 320 p.

Alors que le procès V13 s’achève les massacres à l’encontre de la révolution « Femme, vie, liberté » commencent. Bahareh Akrami enchaînera alors avec l’actu sur l’Iran, toujours sur le même support et les mêmes médias ainsi que son blog.
C’est ainsi qu’elle participera à la rédaction, sous la direction de Marjane Satrapi, du livre Femme, vie, liberté aux éditions L’iconoclaste, 14 septembre 2023.

 

Prescription et justice pénale

Jean Danet

Jean Danet en quatre-vingts pages nous guide dans les méandres de cette notion juridique complexe qu’est la prescription pénale et alerte quant à l’illusion de l’éternité des poursuites.
Notion juridique complexe qui tient sur un quadruple équilibre entre droit à la sécurité et procès équitable, droit des victimes à obtenir justice et droit de tous à être jugé dans un délai raisonnable, entre l’utilisation de tous les moyens techniques d’élucidation et la limitation de l’arbitraire des choix policiers d’enquête, entre le sens de la peine et le principe de proportionnalité aux vertus à vocation éducative.
Jean Danet nous fait aussi voyager à travers les onze réformes de la prescription pénale depuis 1994, mais aussi dans l’espace du droit comparé ou européen.
Il décrit l’illusion de l’éternité dans laquelle la partie civile deviendrait « l’entrepreneur de sa vérité subjective, celle que l’on croit ou qu’on ne croit pas. Une version néolibérale d’une justice post-factuelle ».
Ses mots nous questionnent, nous, avocat.e.s de la défense des intérêts des victimes, des prévenu.e.s ou accusé.e.s.
De toute évidence, ajouter des mots dans un code ou un article de loi, en escomptant leurs valeurs vertueuses, c’est sans compter les effets pervers que ceux-ci distilleront tant dans la société qu’envers les justiciables.
Ouvrage à garder sous notre coussin !

Jean Danet fut avocat, notamment pénaliste, à Nantes de 1979 à 2000. Il fut président du SAF en 1999 et 2000. Devenu avocat honoraire, docteur en droit, il fut enseignant-chercheur en droit privé et sciences criminelles à l’Université de Nantes jusqu’en 2019. Il fut enfin membre du Conseil Supérieur de la Magistrature de 2015 à 2019.

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