Collectif, collectif !

PAR Claire Dujardin

« L’histoire nous appartient, ce sont les peuples qui la font. »
Le 11 septembre 1973, Salvador Allende, reclus dans la Moneda, diffusait un message radio au peuple chilien, alors que les militaires bombardaient la capitale et prenaient le pouvoir.
50 ans plus tard, la démocratie a fait son retour, même si le Chili gardera encore la Constitution du général Pinochet, malgré les mouvements populaires de 2019 et l’organisation d’un referendum. Mais les choses ont changé et l’espoir renait.
Car nous devons toujours avoir en tête ces mots simples mais forts de Gisèle Halimi « Ne vous résignez jamais ».
C’est ce que font quotidiennement nos élu.e.s au Conseil national des Barreaux, pour représenter au mieux les intérêts des avocat.e.s du quotidien, porter leur voix, la voix de celles et ceux qui défendent les salarié.e.s, les étranger.e.s, les mineur.e.s, les personnes expulsées, les hommes et les femmes qui font famille diverses ou pour représenter les avocat.e.s qui prennent en charge les permanences pénales, assurent la défense des militant.e.s, plaident quotidiennement les libertés devant les juridictions administratives à l’aide juridictionnelle.
Les élu.e.s du SAF au CNB abattent un travail considérable dans les différentes commissions, comme cela est parfaitement repris dans les articles de cette Lettre spéciale CNB, illustrant un bilan de mandature 2020-2023 dense et de grande qualité : commissions Libertés et droits de l’homme, Accès au droit, Égalité, Formation, Texte… Nos élu.e.s qui décortiquent les projets de loi, prennent la parole en Assemblée Générale pour porter la position des confrères et consœurs, mettent toute leur énergie pour éviter que des projets mortifères voient le jour, sont parfois les seul.e.s à défendre l’égalité des avocat.e.s dans l’exercice de la profession, ou pousser l’institution à s’opposer à la montée des idées d’extrême-droite ou à exprimer sa solidarité avec les acteurs des mouvements sociaux victimes d’une répression particulièrement forte de la part des pouvoirs publics.
La ligne du SAF est claire et déterminée. Ce que nous avons proposé de faire, nous l’avons fait.
Tout ce travail n’aurait pu voir le jour sans un travail collectif de terrain. Car le SAF, c’est ça : le collectif, toujours et encore le collectif, avant tout le collectif !
Et c’est encore ce collectif qui nous a donné l’énergie d’organiser notre 50e Congrès à Lille, ce lieu hautement symbolique où résonnait pour la toute première fois l’Internationale et qui a donné au SAF des présidents de grande qualité, Jean-Louis Brochen, Patrick Tillie, Daniel Joseph et Florian Borg.
Ce collectif qui nous est si précieux fait face à de nombreux défis. Dans son discours sur l’état de l’Union, la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen a plaidé pour la création d’un « panel mondial » d’experts afin d’évaluer les risques de l’intelligence artificielle (IA) pour l’humanité, sur le modèle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La question doit en effet être posée : quelles sont les dérives possibles de l’intelligence artificielle, notamment sur nos droits et nos libertés ? Que peut faire notre intelligence collective face à cette intelligence artificielle ? Sommes nous toujours « Maîtres de l’intelligence » ? Comme le dit très justement le Bâtonnier de Lille et camarade Florent Mereau, « en ces temps où la justice est en grande difficulté, l’intelligence artificielle constitue un véritable défi que l’intelligence collective du SAF saura appréhender ». Gageons que nos réflexions collectives et nos combats communs nous pousseront encore à inventer, créer et résister, loin du mirage numérique et pour la défense des libertés et du vivant.

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