Le renouvellement de l’Assemblée générale du CNB en novembre 2023 appelle nécessairement pour le SAF à la présentation du bilan de la mandature qui se termine : ce que nos élues et élus ont pu faire progresser, ou parfois éviter pour que la profession ne prenne des options indésirables pour les avocates et avocats et pour les justiciables. Le CNB a longtemps été considéré comme peu légitime à représenter l’ensemble de la profession : pris entre la Conférence des Bâtonniers et le Barreau de Paris. Nous n’avions au SAF de cesse de répéter ce qui devait être une évidence : le CNB doit être la seule instance légitime à représenter la profession dans son ensemble. La mobilisation de 2020 contre la réforme des retraites et le rôle moteur assuré par le CNB a permis à l’institution de devenir incontournable et in fine seule institution représentative auprès des pouvoirs publics. La légitimité du CNB est acquise Nous n’avions plus pour ce mandat 2021-2023 à perdre du temps dans des conflits de légitimité stériles. Si, aujourd’hui, le CNB n’est pas toujours compris par les consœurs et confrères, dans ses positions, son rôle, son fonctionnement, nous continuons au SAF à en défendre la légitimité et à
La lettre
Octobre 2023

Accès au droit et à la justice
Accès au droit : des avancées fortes au bénéfice des justiciables
PAR Bénédicte MastPour la promotion d’une justice proche des citoyens et un accès au droit effectif pour tous, parce que la connaissance des Ordres, du fonctionnement des permanences et des désignations est indispensable, la Présidence de cette commission revient traditionnellement à un élu du collège ordinal province « SAF compatible » telle Bénédicte Mast qui fut Bâtonnière de Coutances. UNE COMMISSION OUVERTE Depuis 6 ans, la Conférence des Bâtonniers, le Barreau de Paris, les Syndicats et l’UNCA élaborent en commun dans la commission. Cette synergie permet des débats en amont et la construction d’une unité indispensable sur toutes les questions, face à la Chancellerie et aux parlementaires. Parce qu’un lien étroit est indispensable avec nos interlocuteurs – et notamment le SADJAV1 – la commission suscite, jusqu’à les obtenir, des échanges réguliers et des rencontres à chaque fois que nécessaire. Les justiciables, les avocats, les ordres et les Carpa – dans cet ordre précisément – sont les priorités de la commission. Toutes les réflexions, toutes les actions menées, toutes les décisions prises l’ont été en mesurant pour chacun, les avantages et les contraintes. LE CNAJ2 La participation régulière aux travaux du Conseil National de l’Aide Juridique sur l’accès au droit, la présidence du groupe
Exercice professionnel
Notre protection sociale
PAR Mouad Aounil« Un risque social peut menacer les membres d’un groupe et entraîner une perte de revenus professionnels par suite d’altération physique de la force de travail (accidents, maladies, invalidité) ou d’altération économique de la force de travail (Chômage). » Patrick Morvan, Droit de la protection sociale. Des mesures protègent de ces risques afin d’éviter précarisation voire exclusion. Le SAF a toujours une conscience aiguë des enjeux de la protection sociale, un combat pour une profession solide, solidaire et indépendante en vue de promouvoir une justice démocratique, de sensibiliser des citoyens et citoyennes au Droit et défendre une profession indépendante dans ses conditions d’exercice. Le SAF promeut l’amélioration constante des valeurs solidaires de la protection sociale collective. Les avocats n’échappent pas à l’exposition au risque du fait de la dégradation constante de leurs conditions de travail liée notamment au contexte juridique qui ne cesse de muter, le tout dans un contexte économique tendu. Les derniers chiffres du CNB le démontrent clairement (rapport au 1er janvier 2020) : un périmètre du droit en mouvement permanent, une concurrence des legal tech, des réformes incessantes à la fois de l’organisation judiciaire et des procédures sociale, pénale, civile et commerciale, une sinistralité galopante du fait des chausse-trappes
Règles et usages
Les clauses d’interdiction d’attester
PAR Karine ThiebaultGrâce au mantra rappelé sans relâche par notre regretté Tiennot Grumbach, qui l’avait lui-même emprunté à Loysel, aucun adhérent de notre organisation syndicale ne peut ignorer que « C’est le fait qui fait le droit ». Encore faut-il, pour que le droit soit correctement appliqué, que ceux qui ont été témoins des faits puissent en attester et livrer au juge « une relation des faits auxquels (ils ont) assisté ou (qu’ils ont) personnellement constatés » selon la formule de l’article 202 du code de procédure civile. En ce sens, l’établissement d’une attestation qui contribuera à la manifestation de la vérité et partant, participera à ce qu’il est convenu d’appeler « l’œuvre de justice », est non seulement un droit mais plus encore, un devoir citoyen. C’est d’ailleurs ainsi qu’a raisonné la cour de cassation en rappelant, dans un arrêt du 29 octobre 2013 (n°12-22447) et aux visas des articles 6 et 10 de la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qu’en raison de l’atteinte qu’il porte à la liberté de témoigner, à laquelle elle confère rang de « liberté fondamentale », ajoutant qu’elle est consubstantielle de la « garantie d’une bonne justice », le licenciement prononcé en raison du contenu d’une attestation délivrée par un
Collaboration
Collaboration, pas uberisation !
PAR David van der VlistVoté le 9 octobre 2020 par le CNB, le contrôle a posteriori des contrats de collaboration commence à être mis en œuvre dans la plupart des barreaux. Ses modalités restent bien timides et doivent être renforcées. Un constat alarmant L’enquête collaboration réalisée par le CNB en 2022 aurait dû être un coup de tonnerre pour la profession. Alors que la collaboration libérale se caractérise par la possibilité de développer une clientèle personnelle, la réalité est toute autre. Elle révèle qu’à l’échelle nationale : 36,9 % des collaborateurs indiquent être dans l’impossibilité d’y parvenir. 18,9 % des collaborateurs ayant la possibilité de le faire n’ont traité qu’un dossier dans l’année, soit 48,8 % de collaborateurs ayant moins de 2 dossiers par an. 10,5 % des collaborateurs ayant la possibilité de le faire n’ont traité que 2 dossiers dans l’année, soit 55,4 % de collaborateurs ayant moins de 3 dossiers par an. Ainsi, à supposer que 3 dossiers par an constituent une clientèle substantielle (ce qui n’est pas le cas dans la plupart des domaines d’activités), une majorité des collaborateurs libéraux est dans l’incapacité d’en développer. 83,8 % des collaborateurs libéraux indiquent ne pas pouvoir développer par manque de temps (surcharge de dossiers
Libertés et droits humains
Le CNB face aux portes de prison
PAR Amélie Morineau ET Laurence RoquesIl n’est pas rare de s’interroger, sur les bancs de la défense, sur les marches des palais ou à chaque période d’élections : « à quoi sert le CNB ? ». Les trois dernières années de travail acharné de la commission Libertés et droits de l’homme présidée par Laurence Roques sur la question carcérale doit nous rassurer. Des conditions indignes à la surpopulation carcérale, l’engagement du CNB dans la défense des droits des personnes détenues comme de leurs avocats aura été constant depuis trois ans. Dans la longue campagne contentieuse engagée il y a plus de 10 ans par l’Observatoire international des prisons contre l’indignité des conditions de détention et pour la création d’un mécanisme contentieux efficace à les prévenir ou les réparer, le CNB a pris toute sa part pour affirmer le soutien de l’ensemble de la profession aux recours engagés devant le Conseil constitutionnel et la Cour européenne des droits de l’homme. En janvier 2020, la France était définitivement condamnée, dans un arrêt quasi pilote de la Cour de Strasbourg, au visa des articles 3 et 13 de la Convention ; condamnée pour avoir soumis des personnes placées sous sa garde à des conditions de détention que les juges européens n’ont pas
Défense Pénale
Quid du projet de réforme de procédure pénale ?
PAR Nicolas Vanden BosscheLe 18 juillet 2023, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la justice 2023-2027. La Chancellerie évoque des mesures de « simplification » de la procédure pénale. Il n’en est rien ! Le SAF et d’autres aussi dénoncent cette énième réforme qui bouleverse les équilibres procéduraux déjà très fragiles et porte une nouvelle atteinte importante aux droits et aux libertés des personnes. Extension de la possibilité de réaliser des perquisitions de nuit… En flagrance en cas de crimes de droit commun, c’est-à-dire contre les personnes. Cette disposition est incohérente, puisqu’elle n’est pas prévue pour le juge d’instruction. Elle fait encore reculer le principe d’inviolabilité du domicile et la protection attachée à ce dernier. Elle est totalement disproportionnée ! La commission Libertés et droits de l’homme en a demandé le retrait. Création d’une ARSE (assignation à résidence sous surveillance électronique) sous condition suspensive de faisabilité avec incarcération provisoire Si la mesure semble favoriser le recours à l’ARSE, notamment lors du premier débat devant le juge des libertés et de la détention, plusieurs éléments appellent toutefois à la vigilance. En effet, le risque que cette disposition empiète bien plus sur les cas de placement sous contrôle judiciaire
Droit des mineurs
Droits de l’enfant : la France doit faire plus et mieux !
PAR Nawel OumerLa France a signé la Convention Internationale des Droits de l’Enfants (CIDE) le 26 janvier 1990. Le suivi de sa mise en œuvre par les États signataires fait l’objet d’un examen périodique par le Comité des Droits de l’Enfant (CDE) de l’ONU. Le dernier examen concernant la France s’est déroulé les 9 et 10 mai 2023 et les observations finales du CDE ont été publiées le 2 juin suivant1. S’il relève les progrès de la France2 (la politique des 1000 premiers jours, la Délégation aux droits de l’enfant à l’Assemblée Nationale, le Secrétariat d’État chargé de l’enfance, le Pacte pour l’enfance de 2019), le CDE pointe néanmoins les marges dont elle bénéficie encore en la matière. Il est ainsi recommandé à la France d’avoir une approche intégrée, interdisciplinaire et globale des droits de l’enfant3, et, sans surprise, d’allouer des moyens correspondant aux besoins, en particulier en faveur des enfants les plus fragilisés4. Concernant l’application de l’article 12 de la CIDE (respect de l’opinion et de l’expression de l’enfant), la France est invitée à garantir la mise en œuvre effective du droit des enfants à être entendus dans les procédures qui les concernent notamment par la création de systèmes pour
La guerre de la France contre les pauvres de Mayotte
PAR Flor TerceroAu printemps de l’année 2023, une équipe de 10 avocates dont je faisais partie, s’est rendue à Mayotte, département d’outre-mer dans un triple but : dresser un constat sur la situation de l’accès au droit, recueillir des informations quant aux violations des droits fondamentaux des personnes éloignées de force par l’État français, défendre les populations visées par la démolition de leur habitat, sans solution de relogement. Cette mission que Gérald Darmanin a qualifié de « tourisme juridique »¹, que l’avocat du préfet de Mayotte a accusée de mener une campagne d’« hystérisation juridictionnelle collective » et d’être composée par des « artificiers du chaos », a tout simplement essayé de faire valoir les droits reconnus par la Constitution et les textes internationaux de toute personne vivant en France. Sans succès, in fine, ou avec un succès très relatif. Majicavo Talus II En effet, le lundi 24 avril 2023, pour la première fois depuis le début des opérations de démolition de quartiers pauvres, la parole a été donnée aux habitants du quartier Majicavo Talus II. Ces citoyens, dont les logements devaient être détruits le lendemain à l’aube, ont pu exprimer devant la présidente du tribunal judiciaire leurs revendications et ont été entendus. Le temps d’une audience, ils.elles
Libertés publiques
Un engagement collectif en faveur des libertés
PAR Paul Cassia – InvitéCongrès du SAF
Accueil du Bâtonnier de Lille
PAR Florent Mereau – InvitéÉdito
Collectif, collectif !
PAR Claire DujardinPRÉSIDENTE DU SAF
« L’histoire nous appartient, ce sont les peuples qui la font. » Le 11 septembre 1973, Salvador Allende, reclus dans la Moneda, diffusait un message radio au peuple chilien, alors que les militaires bombardaient la capitale et prenaient le pouvoir. 50 ans plus tard, la démocratie a fait son retour, même si le Chili gardera encore la Constitution du général Pinochet, malgré les mouvements populaires de 2019 et l’organisation d’un referendum. Mais les choses ont changé et l’espoir renait. Car nous devons toujours avoir en tête ces mots simples mais forts de Gisèle Halimi « Ne vous résignez jamais ». C’est ce que font quotidiennement nos élu.e.s au Conseil national des Barreaux, pour représenter au mieux les intérêts des avocat.e.s du quotidien, porter leur voix, la voix de celles et ceux qui défendent les salarié.e.s, les étranger.e.s, les mineur.e.s, les personnes expulsées, les hommes et les femmes qui font famille diverses ou pour représenter les avocat.e.s qui prennent en charge les permanences pénales, assurent la défense des militant.e.s, plaident quotidiennement les libertés devant les juridictions administratives à l’aide juridictionnelle. Les élu.e.s du SAF au CNB abattent un travail considérable dans les différentes commissions, comme cela est parfaitement repris dans les articles de cette Lettre
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