Tandis que les gouvernements se succèdent, le pouvoir poursuit le même chemin, mais les avocat·es continuent leur combat.
Si les premiers ministres changent, les politiques menées continuent de glisser toujours plus vers l’extrème droite : destruction des droits conquis et des services publics, abandon de la planète, précarisation, répression, atteintes aux libertés et droits fondamentaux…
Tandis que nos confrères et consœurs qui défendent les étrangers s’arrachent les cheveux pour essayer de sauver la dignité, voire la vie, de leurs client·es, nos confrères et consœurs pénalistes se battent pour simplement exercer le droit à la défense, celles et ceux qui défendent les mineurs pleurent du manque de moyens et de la stigmatisation des jeunes. Et pendant ce temps-là, de manière transversale, la priorité nationale et le racisme prospèrent à tous les niveaux.
D’autres s’épuisent à défendre la liberté d’expression ou le droit de manifester, ou encore à lutter contre l’ultra surveillance notamment par drones.
Les amalgames continuent à se multiplier, avec l’aide de médias détenus par quelques puissants bien accrochés à leur pouvoir politique et financier :
- grève = prise d’otage de la population et donc atteinte à l’intérêt général,
- manifestation = risque pour l’ordre public justifiant les pires violences policières,
- critiques de la politique israélienne = antisémitisme,
- soutien au peuple palestinien = apologie du terrorisme,
- mouvements écologistes = écoterrorisme,
- action syndicale = harcèlement de l’employeur…
Ces amalgames touchent désormais aussi les avocat·es (ainsi que les magistrat·es) dans l’exercice même de leur profession :
- défense des étrangers = participation à la prétendue submersion
- défense des délinquants = frein à la lutte contre le narcotrafic
- application du droit par des juges à l’encontre de personnalités politiques = décisions politiques et atteintes à la démocratie…
Alors que les conditions d’exercice de la profession d’avocat·es sont mises en cause (secret professionnel, indépendance, d’expression), nombre d’entre nous subissent des appels à la haine et des menaces si graves sur les réseaux sociaux d’extrême droite qu’il·elles sont obligé·es de saisir la justice.
La France n’a malheureusement rien inventé, comme l’illustrent l’Histoire et l’actualité internationale et elle n’a évidemment pas le monopole des atteintes à l’État de droit. La situation des avocat·es et des journalistes, en Turquie, en Tunisie, en Bélarus et ailleurs rappellent combien les professions qui lèvent des voix divergentes sont les premières à être neutralisées. Les États-Unis sont devenus un laboratoire des pires expériences d’une politique où l’éducation, la recherche, la justice, la santé et même les vérités scientifiques sont remises en cause, pour servir les intérêts de quelques-uns, avec comme support une hyper-communication mensongère, décomplexée et dangereuse. Le droit international est bafoué chaque jour à l’égard du peuple palestinien, lâché par les soi-disant « grandes démocraties ».
La recherche perpétuelle du pouvoir et du profit quoi qu’il en coûte (aux autres) continue à causer la destruction des humains et, au passage, des autres êtres vivants.
Dans notre Lettre d’avril, nous avons évoqué l’extrême-droitisation déjà en marche de la politique française.
Dans cette Lettre d’octobre, comme annoncé, nous voulons montrer qu’il vaut la peine de continuer à lutter contre cette extrême-droitisation et pour que le racisme présent depuis toujours ne devienne pas la règle.
Les atteintes à l’État de droit se poursuivent, se diversifient, se modernisent et semblent parfois se généraliser.
Alors, nous continuons inlassablement à défendre celles et ceux qui les subissent, celles et ceux qui les combattent, celles et ceux qui militent pour que d’autres voies émergent.
Nous continuons à réfléchir ensemble pour participer à la mise en place d’une société où l’égalité des droits sera réalité.
Ce sera naturellement le thème de notre prochain Congrès prévu à Marseille du 7 au 9 novembre 2025 : Le SAF à la recherche de l’État de droit – Robes noires contre forces brunes (voir projet de programme p.13) où, comme toujours et comme récemment à la Fête de l’Humanité avec nos ami·es des autres syndicats et associations de la société civile, nous irons renouveler émulation, énergie et détermination, tout en profitant de la joie de nous retrouver.