Article 353 du code pénal

PAR Stéphane Maugendre - SAF Seine-Saint-Denis

Une pièce mise en scène par Emmanuel Noblet

Le PITCH

La pièce est basée sur le roman Article 353 du Code pénal de Tanguy Viel, publié en 2017 aux Éditions de Minuit.
Avec Vincent Garanger dans le rôle de Martial Kermeur et Emmanuel Noblet dans celui du juge d’instruction.
Ce polar a pour décor la rade de Brest, des rêves d’investissement des habitants d’un petit bourg de la rade, le chômage, la faillite, l’escroquerie…
Martial Kermeur qui vient d’être arrêté est accusé d’avoir jeté à la mer le corps d’Antoine Lazenec qui l’a délesté de la maigre indemnité touchée par lui quelques années plus tôt.
Martial Kermeur est un cinquantenaire licencié, père divorcé et dépassé par son fils, mais qui a finalement pris des mesures drastiques pour se faire entendre. La pièce met en lumière la dignité d’un homme face à l’injustice et la nécessité de réparer les vivants, même en dehors des cadres légaux.
Devant le juge, il déroule le fil des événements qui l’ont conduit à se faire justice lui-même et malgré ses mots maladroits, révèle une compréhension profonde des autres et de lui-même.

 

LA CRITIQUE

Si on cherche l’article 353 dans le Code pénal, on ne le trouve pas.
En réalité, il s’agit de l’article 353 du Code de Procédure Pénale.1
On se doute que ce raccourci est une facilité de l’auteur et que les non-juristes ne s’en aperçoivent pas.
Toutefois, on devine poindre petit à petit tout au long de la pièce l’intime conviction d’un Juge qui finira par en prendre toute la mesure.
On ne voit pas non plus une Cour d’assises à laquelle un·e président·e lit l’instruction qui se termine par « Avez-vous une intime conviction ? ». Mais, un.e Juge d’Instruction qui lit au prévenu les dispositions de cet article pour conclure, son interrogatoire de deux heures. Cette lecture inattendue trouve finalement sa logique à la suite du récit que fait de sa vie Martial Kermeur.
Cette pièce est soutenue par un très beau texte parsemé de sublimes expressions qui parlent aux avocat·es que nous sommes.
Je n’en cite qu’une « le silence est-il l’équivalent de l’obscurité ? »
Cette pièce sera présentée aux Molières 2025.

Au théâtre du Rond Point à Paris du 3 au 14 juin 2025

Notes et références

1. « Avant que la cour d’assises se retire, le président donne lecture de l’instruction suivante, qui est, en outre, affichée en gros caractères, dans le lieu le plus apparent de la chambre des délibérations : « Sous réserve de l’exigence de motivation de la décision, la loi ne demande pas compte à chacun des juges et jurés composant la cour d’assises des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d’une preuve ; elle leur prescrit de s’interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l’accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : « Avez-vous une intime conviction ? »

 

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