Dernières actualités // Droit des étrangers

Droit des étrangers

« Bienvenue en République sélective »

Le SAF dénonce avec fermeté la circulaire du 2 mai 2025 signée par le ministre de l’Intérieur, M. Bruno Retailleau redéfinissant les conditions d’accès à la nationalité française. Pas d’accès à la nationalité française pour les pauvres ! Désormais, pour accéder à la nationalité, il ne suffira plus de démontrer une insertion sociale et professionnelle : il faudra prouver une autonomie financière pérenne sur une période de cinq ans, indépendamment de toute prestation sociale. En d’autres termes, être pauvre devient une cause d’exclusion de l’accès à la nationalité française. L’aide sociale n’est plus perçue comme un filet de solidarité, mais comme un stigmate, la République sociale, telle qu’inscrite dans notre Constitution, garantissant pourtant la protection des plus fragiles. Fraternité : valeur républicaine ou faute éliminatoire ? Le SAF s’indigne également de l’inclusion, dans les motifs de rejet, de toute forme d’aide apportée à un membre de sa famille en situation irrégulière. Même en l’absence de condamnation, ce comportement est jugé incompatible avec une demande de naturalisation. Autrement dit, la solidarité familiale devient un indice d’indignité républicaine. Ce choix est d’autant plus choquant que le Conseil constitutionnel a reconnu, dans une décision de 2018, la fraternité comme principe à valeur constitutionnelle. En exigeant que l’étranger coupe les liens

PUBLIÉ LE 7 mai 2025 Lire la suite

Droit des étrangers

Fichage illégal des étrangers en situation régulière : une dérive stoppée net

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), le Syndicat des avocat.e.s de France (SAF), le Syndicat de la magistrature (SM), La CIMADE et l’Association de défense des libertés constitutionnelles (ADELICO) se félicitent de la décision rendue le 4 avril 2025 par le juge des référés du tribunal administratif de Nantes, qui suspend une note de service instaurant un traitement illégal de données personnelles ciblant spécifiquement des étrangers en situation régulière. La note, signée le 20 novembre 2024 par le directeur interdépartemental de la police nationale de Loire-Atlantique, imposait la transmission à la préfecture de fiches individuelles concernant des personnes étrangères interpellées, y compris des données extraites du fichier des antécédents judiciaires (TAJ), les dates de garde à vue, les raisons de l’interpellation et les suites judiciaires. Ces informations étaient compilées dans un tableau informatisé, sans aucun cadre légal ni contrôle indépendant. Le juge a estimé que ces opérations constituaient un traitement de données à caractère personnel, mis en œuvre sans autorisation ministérielle et sans avis préalable de la CNIL, en violation des exigences posées par la loi Informatique et Libertés et le règlement général sur la protection des données (RGPD), justifiant ainsi sa suspension en urgence. Le juge des référés

PUBLIÉ LE 4 avril 2025 Lire la suite

Droit des étrangers

De combien d’ennemis l’intérieur a-t-il besoin ? Quand Beauvau envahit Vendôme

Lorsqu’un garde des sceaux fait de la politique sans se préoccuper des aspects juridiques, nous atteignons des sommets d’absurdité. Celui-ci indique en effet au JDD : « Nous avons, en France, quelque 82.000 détenus pour 62.000 places ». Parmi eux, « plus de 19.000 détenus étrangers, soit 24,5% de la population carcérale ». « Si ces étrangers, ou même une partie d’entre eux, purgeaient leur peine dans leur pays, nous n’aurions plus de problème de surpopulation. Sans avoir à libérer ceux qui ne doivent pas l’être », soutient Monsieur Darmanin. C’est simple, c’est arithmétique, c’est populiste. Par une circulaire du 21 mars 2025, Le ministre enjoint les procureurs et les directeurs de prison au « repérage » des détenus étrangers « éligibles » à une expulsion du territoire français. Cette circulaire se réfère notamment à un protocole cadre consistant à ce que les services pénitentiaires envoient à minima tous les 15 jours la liste des détenus de nationalité étrangère à la Préfecture. Mais qui sont ces étrangers incarcérés visés par le Garde des sceaux ? Le SAF rappelle que des mesures d’éloignements peuvent être prises de façon parfaitement illégale par l’administration, de telle sorte que celles-ci peuvent être annulées par les juridictions administratives. En effet, des étrangers en situation parfaitement régulière, qui ont

PUBLIÉ LE 26 mars 2025 Lire la suite

Droit des étrangers

Né-e-s ici ou venu-e-s d’ailleurs, uni-e-s contre le racisme !

Appel collectif dans le cadre de la Journée internationale contre le racisme, rassemblement le samedi 22 mars 2025 à 14h place de la République à Paris Le 18 décembre 2024, lors d’un meeting pour la Journée internationale des migrants, nos organisations et collectifs ont déclaré : « Nous ne voulons pas d’une société raciste. Ensemble, construisons la société dans laquelle nous voulons vivre, une société de tous les droits pour toutes et tous, une société de solidarité, de fraternité, de justice, et de respect des libertés ». Cette déclaration commune est plus que jamais d’actualité face aux attaques renouvelées contre les personnes étrangères avec ou sans papiers, d’origine étrangère ou présentées comme telles. Nous voulons, pour nous comme pour nos voisin-e-s, collègues de bureau, d’atelier, nos camarades d’amphi, pour notre médecin, notre boulangère, pour la copine ou le copain de classe de nos enfants… une réelle égalité des droits. Nous ne concevons pas la société autrement que dans la fraternité qui est marquée sur le fronton des édifices publics, aux côtés de la liberté et de l’égalité. Nous ne concevons pas la société autrement que rassemblée par l’accès effectif à tous les droits, pour toutes et tous. Les comportements racistes et xénophobes sont

PUBLIÉ LE 14 mars 2025 Lire la suite

Droit des étrangers

LE TORCHON DE LA HAINE

Le Syndicat des Avocat.e.s de France condamne avec la plus grande fermeté le dossier monté par le média d’extrême droite Frontières, qui attaque le droit des étrangers et s’en prend nommément à des magistrat.e.s et à des avocat.e.s engagé.e.s dans la défense des droits fondamentaux des personnes étrangères. En désignant publiquement ces professionnels, ce reportage ne vise qu’à les exposer à la vindicte et à fragiliser la défense des droits des personnes les plus vulnérables. Ces méthodes sont dangereuses : elles alimentent un climat de haine visant celles et ceux qui font respecter les principes fondamentaux de notre État de droit. Le SAF exprime également son soutien aux associations de défense des droits qui, comme les avocat.e.s et magistrat.e.s ciblé.e.s, sont attaquées dans ce reportage pour leur engagement en faveur de la dignité des personnes étrangères. Les propos tenus ces dernières semaines par des ministres et chefs de juridictions accusant notre profession de tous les maux soufflent sur les braises de la haine dont ce journal se porte la flamme. Nous alertons sur cette dérive fasciste et réaffirmons notre détermination à défendre les droits fondamentaux et celles et ceux qui les portent au quotidien.  

PUBLIÉ LE 31 janvier 2025 Lire la suite

Droit des étrangers

La submersion de l’inconséquence

Les déclarations de notre Premier Ministre sur LCI lundi dernier, selon lesquelles « Les apports étrangers sont positifs pour un peuple à condition qu’ils ne dépassent pas une proportion. Dès l’instant où vous avez le sentiment d’une submersion, de ne plus reconnaître votre pays de ne plus reconnaitre les modes de vie ou la culture, dès cet instant, il y a rejet », s’inscrivent dans (l’extrême) droite ligne des déclarations de tant d’autres membres du gouvernement mais aussi dans leurs actes. Dans cette interview, Monsieur Bayrou parle de « sentiments » des Français. Mais un sentiment n’est pas une réalité. Non, il n’y a pas de submersion d’étrangers en France, ni en situation régulière, ni en situation irrégulière. Non les étrangers ne sont pas la cause des difficultés que subissent l’ensemble des personnes qui vivent sur le territoire français. Ce qu’il faut rejeter, ce ne sont pas les étrangers, c’est cette rhétorique de la submersion, directement et simplement liée à la construction de la peur de l’autre, qui relève d’une vision raciste et xénophobe du monde. La seule submersion que nous vivons, c’est celle des déclarations des personnalités politiques et d’un discours de haine banalisé sur les principales chaines d’information, détenues par les tenants des

PUBLIÉ LE 29 janvier 2025 Lire la suite

Droit des étrangers

La surveillance du centre de rétention de Marseille par drone suspendue par le tribunal administratif

 Saisi par La Cimade, l’Ordre des avocats au Barreau de Marseille, le GISTI, le Syndicat des avocats de France et le Syndicat de la magistrature, le juge des référés du tribunal administratif de Marseille a suspendu, le 14 décembre dernier, l’arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône autorisant l’utilisation de drones pour surveiller le centre de rétention administrative de Marseille et ses alentours au motif que cet arrêté présentait un « caractère manifestement disproportionné au regard du droit au respect de la vie privée ». Le 22 octobre 2024, la préfecture des Bouches-du-Rhône a publié un arrêté autorisant la captation, l’enregistrement et la transmission d’images par le biais d’une caméra installée sur un drone au centre de rétention administrative (CRA) de Marseille et ses alentours directs pendant un mois. Cet arrêté a été renouvelé le 25 novembre 2024. Dans le cadre de la lutte contre les « franchissements irréguliers » des frontières intérieures françaises, le juge des référés du Conseil d’État avait déjà rappelé, en s’appuyant sur le raisonnement du Conseil constitutionnel[1], le cadre de l’usage de drones, qui doit nécessairement être proportionné à l’objectif de surveillance et conditionné à l’absence de moyens moins intrusifs au regard du droit au respect de la vie privée des

PUBLIÉ LE 18 décembre 2024 Lire la suite

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Le SAF dénonce avec indignation le gel des demandes d’asile syriennes par l’OFPRA : un abandon scandaleux au lendemain de la chute de Bachar el-Assad

Le Syndicat des Avocat.e.s de France (SAF) n’est pas surpris : l’OFPRA décide du gel de l’instruction des demandes d’asile des personnes syriennes, et c’est par la voix du ministre de l’intérieur démissionnaire que nous l’apprenons, avant même l’organisme concerné. Une démonstration, s’il en fallait encore, de l’indépendance toute relative de l’OFPRA. Si la chute du régime de Bachar el-Assad est un préalable évidemment essentiel à la reconstruction de la Syrie, qui peut sérieusement soutenir, en toute bonne foi, que la Syrie, ravagée par des années de guerre et de répression, deviendra un havre de paix d’ici une semaine ? En prenant prétexte de la chute d’un régime autoritaire pour suspendre l’examen des demandes d’asile syriennes, l’OFPRA adopte une position cynique et irresponsable. La réalité est claire : renvoyer aujourd’hui des individu.e.s en Syrie revient à les exposer à des dangers mortels. Affirmer le contraire, comme semble le sous-entendre cette décision de l’OFPRA, relève d’une incompréhension totale de la réalité sécuritaire en Syrie. Pour autant, fidèle à sa politique, le gouvernement préfère une approche froide et dénuée de toute compassion. Face à la chute d’un tyran, sa première pensée n’est pas d’accueillir dignement celles et ceux qui fuient l’horreur, mais d’envisager leur renvoi.

PUBLIÉ LE 13 décembre 2024 Lire la suite

Droit des étrangers

Né-e-s ici ou venu-e-s d’ailleurs, l’égalité des droits, c’est pour toutes et tous !

Nous ne voulons pas d’une société raciste. Nous voulons pour nos voisin-e-s, collègues de bureau, d’atelier, nos camarades d’amphi, pour notre médecin, notre boulanger-e, pour la copine ou le copain de classe de nos filles, de nos garçons… une réelle égalité des droits. Nous vivons ensemble, et ne concevons pas la société autrement que dans le respect de ce qui nous lie. La fraternité est aux côtés de la liberté et de l’égalité sur le fronton de nos édifices publics. Ces grands principes doivent se traduire par l’accès effectif à tous les droits, pour toutes et tous  ; par l’accueil et la valorisation de la diversité qui fait la richesse de notre pays, de tout pays  ; par le développement des solidarités pour et avec celles et ceux qui en ont besoin. Travailleuses et travailleurs étrangers, personnes exilées, étudiantes et étudiants internationaux… qu’ils et elles soient arrivés hier ou il y a 20 ans, toutes et tous se retrouvent la cible de politiques migratoires qui voient en l’étranger un criminel en puissance, un «  indésirable  ». La loi immigration de janvier 2024 et le Pacte Asile & Immigration de l’Union européenne ont encore radicalisé des politiques répressives et brutales, généralisant la maltraitance administrative. Les

PUBLIÉ LE 12 décembre 2024 Lire la suite