À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes du 25 novembre 2025, le Syndicat des avocat·es de France dénonce avec force les violences sexistes et sexuelles au sein de notre profession.
Chaque jour, des consœurs et des confrères (collaborat.rice ;eur.s, salarié.es, associé.es ou stagiaires) subissent des comportements, propos, pressions ou agressions qui entravent leur santé, leur sécurité et leur dignité. Ces violences demeurent encore trop souvent ignorées ou minimisées.
Le SAF tient à leur apporter tout son soutien.
L’actualité récente le démontre : plusieurs affaires judiciaires ou divulguées par la presse ont révélé l’ampleur du sexisme et des violences sexistes et sexuelles dans notre profession. Qu’il s’agisse de comportements intolérables rapportés au sein de cabinets, de déclarations médiatiques ou propos sexistes tenus dans le cadre des débats judiciaires, ces faits exposent une réalité dénoncée depuis des années : la profession est massivement concernée et il devient urgent d’agir.
Pour l’heure, la profession ne dispose, dans la plupart des barreaux, d’aucun dispositif véritablement efficace : ni référent·e formé·e ni commission dédiée ni protocole clair pour recueillir, protéger et orienter les victimes. Ce vide institutionnel entretient l’impunité, décourage la prise de parole et perpétue un système où les victimes sont bien souvent laissées seules face à leurs agresseur.es, souvent eux/elles-mêmes figures d’autorité.
Parce que nous sommes un syndicat professionnel, notre mission est de lutter contre les VSS au sein de la profession, de protéger et permettre la libération de la parole des victimes, a fortiori lorsqu’il existe un déséquilibre manifeste de pouvoir entre l’auteur.e et les plaignant.e.s.
Parce que nous sommes un syndicat progressiste, nous souhaitons rompre avec les pratiques antérieures de silence, de déni ou de complaisance en matière de VSS (ou de toute autre forme de comportement discriminatoire) au sein de la profession car ces pratiques entretiennent et renforcent ce système de violences sexistes et sexuelles.
Parce que nous sommes juristes nous voulons rappeler que la Directive européenne 2024/1385 sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique dispose que « la violence à l’égard des femmes est une manifestation persistante de discrimination structurelle à l’égard des femmes, résultant de rapports de force historiquement inégaux entre les femmes et les hommes. Il s’agit d’une forme de violence fondée sur le genre infligée en premier lieu aux femmes et aux filles par les hommes. Elle trouve ses racines dans les rôles, les comportements, les activités et les attributions socialement construits qu’une société donnée considère comme appropriés pour les femmes et les homme ».
Et que la Convention 190 de l’OIT reconnait « le droit de toute personne à un monde du travail exempt de violence et de harcèlement, y compris de violence et de harcèlement fondés sur le genre ; (et) que la violence et le harcèlement dans le monde du travail peuvent constituer une violation des droits humains ou une atteinte à ces droits, et que la violence et le harcèlement mettent en péril l’égalité des chances et sont inacceptables et incompatibles avec le travail décent ».
Ainsi, nous exigeons :
- La mise en place, dans tous les barreaux, d’un dispositif indépendant, confié à des personnes formées et extérieures aux rapports hiérarchiques ;
- Des actions de prévention obligatoires, renouvelées et évaluées ;
- Des procédures protectrices, confidentielles et accessibles pour les victimes ;
- Une politique disciplinaire cohérente, ferme et transparente ;
- Une mobilisation collective de la profession pour rompre définitivement avec la culture du silence.
Enfin, le SAF se tient à la disposition de toutes les consœurs et tous les confrères victimes pour toute l’aide qu’il pourrait leur apporter.

