PUBLIÉ LE 5 septembre 2015

Un enfant de trois ans mort sur une plage turque à l’âge où nos enfants poussent pour la première fois la porte d’une école, un mur construit par la Hongrie, des réfugiés marqués d’un numéro sur le bras, des personnes refoulées de leurs fragiles embarcations par des garde-côtes, des cadavres entassés dans des camions, des demandeurs d’asile à la rue, des camps de fortune à Paris, Calais ou Vintimille…

 Comment rester silencieux face à de telles souffrances infligées à des êtres humains qui demandent notre protection et que nous renvoyons à la mort ?

 Notre gouvernement, et au-delà l’Union Européenne, oublient trop vite que nos Nations se sont construites par des apports successifs de populations venues d’ailleurs : nos grands-parents venus d’Espagne fuyant le franquisme, juifs fuyant les pogroms, italiens fuyant le fascisme, polonais venus mourir dans les mines du Nord de la France, réfugiés des pays d’Amérique latine, vietnamiens, cambodgiens et laotiens secourus en pleine mer, accueillis par milliers en France…

 À la fin de la seconde guerre mondiale, les pays signataires de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme écrivaient en préambule : « Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme. »

 Dans la foulée, étaient adoptés les articles 13 et 14 lesquels proclament respectivement :

 « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »

 « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays. »

 Ces règles de droit international sont aujourd’hui d’une brûlante actualité.

 Aujourd’hui, ils sont syriens, afghans, irakiens, érythréens, soudanais qui tentent de rejoindre l’Europe au péril de leur vie.

 La réponse du gouvernement ne peut consister à faire voter, le 29 juillet 2015, une nouvelle réforme de l’asile en désignant le demandeur d’asile, une fois de plus, comme un fraudeur ou un menteur.

 Aucune politique d’accueil digne de ce nom n’est mise en place pour ces hommes, ces femmes et ces enfants, sinon, l’indifférence et le rejet : le gouvernement a attendu l’image insoutenable d’un enfant couché dans les vagues pour prendre la parole.

 Et quelle parole ? Elle se contente de renvoyer encore une fois les réfugiés vers d’autres frontières au nom d’une prétendue répartition « équitable » en Europe.

 La lettre de Monsieur François HOLLANDE et Madame Angela MERKEL qui n’hésite pas en préambule à rappeler que « L’Europe se doit de protéger ceux pour qui elle est le dernière espoir » ne change rien. Il est de nouveau rappelé que les migrants devront être reconduits avec fermeté, qu’il revient aux pays voisins des pays d’exode plutôt qu’aux pays européens de faire de la place pour accueillir les réfugiés, que les accords de réadmission doivent être appliqués avec effectivité et qu’enfin une liste de pays sûrs communs doit être définie.

 L’asile ne saurait se résumer à des quotas.

 Le silence criminel des dirigeants politiques français et leurs réactions tardives sont intolérables.

 Le Gouvernement doit mettre en place dès à présent et en urgence une véritable politique d’accueil des réfugiés, en ne laissant plus personne à la rue ou dans des conditions de vie indignes.

 Il est temps de permettre aux réfugiés présents sur le territoire français de bénéficier de l’ensemble des garanties et protection tel que définies par la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, et leur permettre de solliciter l’asile dans la sérénité.

Paris, le 5 septembre 2015

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